Publié le 4 octobre 2022
La gestion du poids des futurs reproducteurs
Dès leur première semaine de vie, l’éleveur se doit de contrôler et maîtriser la croissance des futurs reproducteurs afin de leur assurer une bonne composition corporelle. Découvrez dans cet article nos conseils sur la gestion du poids des futurs reproducteurs.
La pesée
Dès la première semaine, l’éleveur doit contrôler et maîtriser la croissance des futurs reproducteurs.
Ce contrôle est réalisé chaque semaine, par pesée d’un échantillon d’animaux à jeun. Pour que ce contrôle soit efficace, l’éleveur pèse toujours les animaux le même jour de la semaine, à la même heure, de préférence le jour sans distribution d’aliment pour qu’ils soient à jeun ou avant la distribution de ration lorsqu’on est en système 7/7. Il est conseillé de placer ce jour le plus proche possible de celui de leur arrivée dans l’élevage (idéalement on place un jour sans aliment ce même jour).
Méthode de réalisation de la pesée:
- Regrouper 1% des femelles (minimum de 60 sujets) et 10% des mâles dans un parc d’attrapage toujours placé au même endroit,
- Peser individuellement les femelles, puis les mâles en notant les poids et le nombre d’individus mesurés afin de calculer le poids moyen du lot, le coefficient de variation et l’homogénéité à plus ou moins 10%. L’ensemble des animaux parqués doit être pesé.
Astuce technique
Lors de la pesée, si vous constatez une dégradation de l’homogénéité, il faut répartir les animaux selon leur poids dans des parcs. Il s’agit du grading, détaillé dans la partie suivante.
Le poids moyen obtenu vous permet de vous positionner par rapport à la courbe théorique de poids, fournie par la SASSO. Il vous permet de rationner les futurs reproducteurs en ajustant les quantités d’aliment distribuées.
Le rationnement alimentaire est une étape essentielle de l’élevage des futures reproductrices SASSO. En rationnant, vous obtiendrez des poulettes avec une composition corporelle correcte à l’entrée en ponte, avec un bon gabarit et sans graisse excessive.
Erreurs à éviter
Il ne faut surtout pas croire que l’on peut choisir aléatoirement les animaux dans un parc. Les gros animaux s’offrent plus facilement au regard et il est plus facile de les attraper car ils recouvrent les petits. Pour compenser l’éleveur peut alors choisir prioritairement les plus petits. Dans tous les cas, il y aura un biais. Nous conseillons de parquer les animaux et de peser 100 % des animaux parqués. Si l’on pense qu’il y en a trop il vaut mieux ouvrir le parc et le refermer sur un nombre plus petit (minimum 1% pour les femelles) plutôt que de s’arrêter en cours de pesée, au risque d’avoir fait passer les plus gros en priorité.
Pour chaque pesée on remplit le tableau en utilisant pour la première colonne une série de valeurs de poids autour de l’objectif à atteindre (un poids tous les 10g par exemple pour de animaux jeunes, tous les 20 ou 30g pour des animaux plus âgés). Chaque animal est pesé et l’on reporte son poids par une croix sur une case de la ligne correspondant. Au fur et à mesure de la pesée on voit donc quels sont les poids les plus représentés dans l’échantillon. Si la courbe obtenue est étroite cela signifie que les poids ne varient pas beaucoup autour de la valeur majoritaire, ce qui est une bonne chose (lot uniforme). Il importe que ces poids soient proches des cibles de la SASSO. A l’inverse une courbe assez large montre une faible uniformité et doit interroger sur la conduite d’élevage (distribution d’aliment, grading, etc.). Notre objectif est que 80% des animaux soient autour du poids cible, à plus ou moins 10% (ex pour un poids cible de 800g, 80% des animaux devraient avoir un poids compris entre 720g et 880g).
L'alimentation
L’objectif de l’éleveur au cours de la période d’élevage est d’obtenir la courbe de croissance la plus régulière possible, la plus proche possible des préconisations de poids de la SASSO, afin d’exprimer en phase de reproduction tout leur potentiel génétique. L’observation du lot est primordiale à cette étape.
Qualité de l'aliment
L’aliment non consommé sera éliminé afin d’éviter toute humidification et développement de champignons ou de mycotoxines. Les chaînes d’alimentation ou les trémies doivent être vides avant l’extinction de la lumière.
L’aliment est l’un des vecteurs d’introduction de salmonelles dans l’élevage de reproducteurs. La méthode recommandée pour décontaminer l’aliment est un traitement thermique sur une courte durée. Les fabricants d’aliment offrent aujourd’hui une gamme de produits comprenant généralement des aliments décontaminés thermiquement, offrant une sécurité satisfaisante.
Afin de garantir une qualité sanitaire optimale, veiller aux conditions de stockage de cet aliment décontaminé et à l’hygiène des conduits d’alimentation. En utilisant deux silos on se donne la possibilité de bien vider, laver et désinfecter chaque silo tout en permettant une distribution normale de l’aliment.
Il est conseillé de fractionner les commandes afin de toujours avoir un aliment frais (en évitant que l’humidité forme des blocs dans les containers de stockage ou qu’il surchauffe).
De nos jours, les fabricants d’aliment proposent des cycles alimentaires comprenant trois ou quatre phases : démarrage, croissance, poulette au minimum.
Quantité de l'aliment
Comment faire évoluer la ration ?
S’il n’y avait qu’une règle à retenir de ce chapitre, ce serait celle-ci:
“La ration se donne en fonction de la croissance”
Cela signifie que nos recommandations pour la quantité d’aliment sont très théoriques et constituent des indications générales pour les premiers lots. Il ne faut en aucun cas les appliquer à la lettre, surtout à partir de 3 semaines d’élevage. L’éleveur doit régulièrement évaluer la croissance du lot et adapter la ration en conséquence. Son système d’élevage, la formulation de son aliment et la zone géographique dans laquelle il se situe vont rapidement l’amener à trouver la bonne quantité d’aliment lui permettant d’atteindre les objectifs de poids recommandés.
Après le troisième lot environ, l’éleveur aura assez d’expérience pour déterminer ce qui, pour son cas, convient en matière d’alimentation. Il pourra alors s’affranchir des recommandations SASSO de quantité d’aliment et utiliser son propre programme alimentaire pour atteindre les objectifs de poids.
Ce travail peut être fait en collaboration avec les équipes SASSO, n’hésitez pas à leur demander conseil. La quantité d’aliment augmente au cours du temps en période d’élevage. Il est important de régulièrement peser ses animaux afin de toujours contrôler l’évolution des poids (pesée hebdomadaire).
Lorsqu’un lot dépasse les objectifs de poids il convient de le ramener dans la courbe théorique en diminuant l’augmentation de la ration voire en gardant pendant plusieurs semaines d’affilée la même quantité d’aliment. Un animal en pleine croissance prendra du poids même si la quantité d’aliment reste constante. Certains cas nécessitent une réduction de la quantité d’aliment mais nous vous conseillons de poser la question à votre partenaire SASSO afin de correctement estimer la quantité à diminuer.
Comment améliorer l’uniformité ? Le grading
Le grading permet d’améliorer l’homogénéité du lot en adaptant au plus près la ration aux besoins. Il s’agit de diviser le lot en parcs selon le poids.
Les femelles:
Nous conseillons de trier les femelles selon leur poids à partir de 4 ou 5 semaines d’âge.
Au moins trois catégories doivent être distinguées : les animaux proches de l’objectif de poids, les trop légers et les trop lourds.
Chaque catégorie recevra une ration adaptée à sa condition afin que les animaux légers rattrapent leur retard, que ceux au bon poids restent dans les objectifs de référence et que les animaux trop lourds ralentissent leur croissance.
En effet les animaux « petits » et les animaux « trop lourds » seront soumis à une compétition adaptée à leur gabarit pendant le repas, ce qui leur permettra de revenir dans la courbe si la ration est correctement adaptée.
Au-delà de la 15ème semaine, les rattrapages sont difficiles.
En effet tous les tissus (osseux, musculaire et adipeux) ne se forment pas en même temps et pas à la même vitesse. Les 10 premières semaines c’est surtout le squelette qui se développe.
Entre 10 et 20 semaines la synthèse des graisses est importante et les poules recevant trop d’énergie par l’aliment (poules trop lourdes) risquent de développer des foies hémorragiques. Ainsi à cette période si l’on donne trop d’aliment à une poule « en retard » sur la courbe elle ne convertira pas sa ration en muscle mais surtout en gras, et pourra détériorer son foie. C’est pour cela qu’il faut anticiper les écarts à la courbe et adapter la ration le plus tôt possible dans la vie de l’animal.
Astuce technique
Les coqs ont tendance à ingérer la litière propre, ce qui forme des bouchons fibreux dans leur tube digestif. Ils vont alors consommer beaucoup d’eau pour essayer de le faire passer mais cela ne fonctionne généralement pas. Distribuer du grit (50 kg pour 500 coqs environ) permet de résoudre ce problème.
Les mâles:
De manière générale nous conseillons d’élever les mâles séparément des femelles, dans un bâtiment séparé. Si ce n’est pas possible, il est préférable de les élever dans un parc séparé. C’est particulièrement important pour les souches lourdes C et X. Seules les souches légères T peuvent être élevées avec les femelles mais il faudra ajouter des mangeoires uniquement accessibles par les mâles à partir de 10 semaines.
Astuce technique
Certains éleveurs choisissent d’élever les mâles des lignées légères (T) dans le même enclos que les femelles. Dans ce cas il faut ajouter des trémies spécifiquement dédiées aux coqs dès 11 semaines d’âge afin de subvenir à leurs besoins alimentaires supérieurs.
Pour les mâles élevés séparément, entre 4 et 8 semaines, l’homogénéité du troupeau peut être améliorée comme suit :
- Réaliser deux parcs
- Trier les mâles en deux catégories (une par parc) : gros et petits.
- Retirer les rachitiques ou ceux ayant un retard de croissance important
- Alimenter différemment les deux parcs ainsi constitués. Les objectifs sont les suivants :
- réduire progressivement la croissance des individus les plus lourds,
- augmenter progressivement le poids des individus les plus légers.
- Recommencer l’opération toutes les semaines.
Comment rectifier la croissance?
De nombreuses formulations d’aliment sont très riches en énergie et ont pour conséquence de rendre les poules trop lourdes.
Dans ce cas, il faut rapidement réagir en ralentissant la hausse hebdomadaire de la ration, voire en la bloquant quelques semaines pour ramener les animaux dans la courbe de poids recommandée.
Figure 123 : Lorsque l’on constate que le poids décolle par rapport aux recommandations il faut ralentir voire stopper la hausse hebdomadaire jusqu’à ce que le poids revienne à l’objectif.
Les animaux trop légers doivent rattraper leur retard. L’augmentation de la ration peut être rapide avant 10 semaines d’âge car la ration sera surtout convertie en masse musculaire. Après cet âge toutefois une ration trop rapidement augmentée aura pour conséquence une synthèse excessive de gras. Il faut donc, à partir de 10 semaines, y aller progressivement.
Figure 124 : Lorsque l’on remarque que le poids est insuffisant il faut augmenter la ration plus rapidement jusqu’à ce que le poids revienne dans l’objectif.
Rationnement en 5 à 7 jours
Le système de rationnement en 5 jours sur 7, ou 5/7, consiste à ne distribuer la ration que 5 jours par semaine. Il est mis en place entre la 4ème et la 6ème semaine. Il améliore considérablement les performances du lot en place car :
- Il permet de maîtriser la compétition entre animaux lors de l’accès à la mangeoire
- Il permet de préparer les animaux à ingérer une ration importante d’aliment au pic de ponte en augmentant le volume du jabot.
Erreurs à éviter
Il ne faut surtout pas utiliser un rationnement en 5/7 pour les mâles.
Si les mâles sont élevés dans le même bâtiment, il faut donner du maïs concassé ou du blé entier aux femelles les jours sans aliments afin de les occuper lorsque les mâles sont nourris.
En pratique, il faut garder la quantité hebdomadaire d’aliment choisie par l’éleveur mais la diviser en 5 rations quotidiennes au lieu de 7. Les jours sans aliment sont fixes et ne se succèdent pas. On peut distribuer du maïs concassé ou du blé entier ainsi que du grit les jours sans aliment afin d’occuper les animaux et d’entretenir la litière par grattage. Il est inutile de trop en donner, il s’agit simplement de stimuler les animaux.
L’éleveur qui souhaite mettre en place un système en 5/7 doit déterminer quels sont les deux jours sans distribution d’aliment. Souvent le dimanche est choisi pour alléger la charge de travail durant le jour de repos. L’autre jour sans aliment sera le jour de la pesée les animaux. Dans la mesure du possible ce jour doit donc également être proche du jour où le lot est arrivé dans l’élevage. Par exemple si le lot est arrivé un mardi, on peut mettre le second jour sans aliment le mercredi. Si le lot est arrivé un vendredi, on mettra le jour sans aliment un jeudi.
Le système d’alimentation en 5/7 s’arrête au transfert et on revient alors en 7/7.
Exemple de conversion d’une ration en 7 jours sur 7 à une ration en 5 jours sur 7 (valeurs données à titre indicatif) :
Si la ration distribuée en 7/7 est de 39 g / jour / animal, le calcul est le suivant :
- calcul de la ration hebdomadaire : 39 g x 7 jours = 273 g / animal / semaine,
- conversion en distribution 5 jours sur 7 : 273 g / 5 jours = 55 g / jour / animal les jours de distribution d’aliment.
L’augmentation de la ration quotidienne est alors de 40 %.
Astuce Technique
Les deux jours qui précèdent le premier jour sans aliment, donner la ration de 5/7 (plus importante que leur ration ordinaire par jour) pour que les animaux soient plus sereins lorsqu’il n’y aura pas de distribution d’aliment.