Publié le 15 février 2024
Conception et maîtrise sanitaire du site et des bâtiments de production
Dans cet article, nous parlerons de la conception du site de production, de l’entretien du bâtiment et de ses abords, qui sont les premiers éléments contribuant à la réussite de l’élevage des reproducteurs SASSO.
1 - Le zonage
Lors de la conception du site de production, l’éleveur doit :
- Eviter l’introduction de pathogènes dans son élevage
- Eviter la multiplication des germes sur son site
- Eviter que son élevage puisse être source de contamination pour l’environnement
Ces trois axes constituent le cœur de ce que l’on appelle la biosécurité.
Le site est une enceinte close dont l’accès est contrôlé et doit permettre :
- de maîtriser les flux des Hommes, des matériaux, matériels et consommables,
- de maîtriser les flux des animaux vivants ou morts,
- de protéger les animaux d’élevage de tout contact avec la faune sauvage.
Il convient pour cela de clairement définir trois zones majeures :
- Une ZONE PUBLIQUE dans laquelle les visiteurs peuvent circuler librement (ex : les bureaux administratifs, la route, le parking)
- Une ZONE PROFESSIONNELLE dans laquelle seul le personnel autorisé peut circuler (ex : le hangar de stockage, les allées vers les bâtiments, les sas sanitaires)
- Une ZONE D’ELEVAGE réservée aux animaux et aux opérateurs chargés de leurs soins (ex : la poussinière).
Chaque zone doit être physiquement délimitée (grillage, mur, clôture) et uniquement accessible via un sas sanitaire.
Les entrées et sorties des éleveurs, du matériel, des œufs et des animaux, l’arrivée des matières premières et l’expédition des déchets (œufs, cadavres) doivent être maîtrisées et chaque circuit ou flux doit être séparé des autres dans l’espace ou dans le temps.
2 - Hygiène Générale
L’éleveur doit veiller à tout instant :
- à la propreté et à l’hygiène du site et de ses abords, des sas d’entrée du personnel et du matériel, des sas d’expédition des œufs à couver (OAC), du magasin, des zones de stockage des déchets (congélateur, bac d’équarrissage),
- au bon fonctionnement des outils de nettoyage et de désinfection,
- à la présence d’appâts pour les rongeurs et autres nuisibles,
- à la qualité de l’eau (contrôle bactériologique annuel, voire semestriel à l’entrée du bâtiment et en bout de ligne d’abreuvement).
Afin de limiter les risques sur des sites comprenant plusieurs bâtiments, l’éleveur préfèrera une conduite en bande unique à une conduite en bandes multiples.
3 - Les flux
A) Les véhicules
L’entrée des véhicules sur le site d’élevage doit être limitée au strict minimum. L’accès doit être interdit à tout véhicule indésirable.
Les véhicules de livraison (aliment, gaz, autres consommables, poulettes reproductrices) ou d’expédition (OAC, poules de réforme) circulent d’élevage en élevage. Ce sont d’excellents vecteurs pour les agents pathogènes. Ils doivent obligatoirement être nettoyés et désinfectés avant leur entrée sur le site d’élevage. Le chauffeur circule aussi d’élevage en élevage. Son statut sanitaire vous est inconnu. En aucun cas, il ne doit pénétrer dans le bâtiment, même pour aider aux tâches (ex : enlèvement).
Une rampe de désinfection située à l’entrée des véhicules permet, si elle est utilisée correctement, de rendre la désinfection systématique.
Lors de la réforme, si le site comprend plusieurs bâtiments et si ces derniers ne sont pas vidés simultanément, le chauffeur ne doit pas pénétrer dans le site avec son véhicule afin de limiter le risque sanitaire d’introduction d’agent pathogène.
B) Le matériel
Le matériel de chaque bâtiment doit être spécifique au bâtiment afin de limiter le risque de contamination. L’entrée de matériel extérieur doit être limitée au maximum.
Avant d’entrer dans le bâtiment d’élevage, tout matériel doit être obligatoirement désinfecté (lavé avant désinfection si possible).
Un sas de désinfection est prévu à cet effet à l’entrée du bâtiment, voire du site.
C) Les personnes
Les accès au site d’élevage et au bâtiment doivent être limités aux personnes intervenant sur les animaux : éleveurs, techniciens, vétérinaires. Chaque personne doit utiliser le sas sanitaire correctement.
Il est tentant d’ignorer le sas sanitaire et de le contourner ou de ne pas tenir compte de ses différentes zones, surtout lorsque l’on est pressé ou fatigué. Pour cette raison, le sas doit être contraignant, c’est-à-dire qu’il faut disposer des clôtures et barrières de sorte que le passage par le sas soit obligatoire.
Nous conseillons la mise en place de sas sanitaires à trois zones.
Par exemple, le sas sanitaire situé à l’entrée de la zone professionnelle comprend :
- une zone extérieure où les personnes laissent leur tenue civile (vêtements et chaussures),
- une zone intermédiaire où les personnes prennent une douche complète (cheveux et corps) et se désinfectent les mains,
- une zone intérieure où les personnes se vêtissent d’une tenue spécifique à l’élevage comprenant sous-vêtements, cotte, charlotte et chaussures.
Si l’installation ne permet pas de prendre une douche et de changer intégralement de tenue, il est souhaitable de prévoir au minimum une cotte spécifique au bâtiment et un point d’eau pour se laver les mains.
Il est important que le sas sanitaire soit régulièrement et fréquemment désinfecté (au moins une fois par semaine). Dans chaque bâtiment, on doit retrouver un sas sanitaire qui permet le changement de tenue pour revêtir la tenue spécifique du bâtiment. La zone intermédiaire doit permettre un lavage et une désinfection des mains.
Astuce technique : Un pédiluve perd très rapidement son efficacité technique avec le temps, surtout s’il est régulièrement emprunté. Afin d’éviter qu’il ne constitue lui-même une source de germes, il est conseillé de le vider, de le laver, de le désinfecter et de le renouveler au moins une fois par jour en respectant les concentrations de désinfectant fournies par le fabricant.
D) Les déchets
Les déchets sont l’un des principaux vecteurs de maladie en élevage. Il est indispensable lors de la conception d’un site d’élevage de prévoir leur évacuation.
Ils peuvent être de plusieurs sortes :
- poules de réforme,
- cadavres,
- œufs non incubables, collectés par le couvoir ou à la charge de l’éleveur.
- fientes,
- matériel jetable utilisé,
- eaux usées.
Les cadavres doivent être stockés dans un congélateur placé dans chaque bâtiment en attendant d’être mis dans le bac d’équarrissage juste avant le passage de l’équarrisseur. Afin d’éviter l’entrée du camion d’équarrissage dans le site de production, le bac d’équarrissage doit être situé à l’extérieur du site.