Durant toute la période d’élevage la ration est donnée en fonction de la croissance. C’est donc le poids vif qui constitue l’indicateur principal du calcul de la qualité d’aliment à donner.

Dès que la ponte a débuté la ration quotidienne est donnée en fonction du taux de ponte. Le poids vif n’est plus un indicateur aussi pertinent, il est d’ailleurs trop tard pour le modifier.

La quantité d’aliment doit beaucoup augmenter chaque jour. Il faut d’une part encourager les poules à pondre en envoyant un signal d’abondance en ressources et d’autre part leur permettre de couvrir les besoins liés à leur production d’œufs.

Il convient de respecter les objectifs suivants :

- La ration augmente d’environ 5g/jour à partir de 0.5% à 1% de ponte journalière et avec pour objectif 120 à 125g d’aliment par jour entre 30% à 40% de ponte (pour nos souches SA51, SA51A, SA51N et SA31A).

- La ration augmente d’environ 1g/jour dès que l’on atteint 85% de ponte jusqu’à atteindre environ 130 à 135g/jour au pic.

Erreurs à éviter

Il est fréquent de ne pas suivre les recommandations de la SASSO pour l’évolution rapide de la quantité d’aliment. Dans de nombreux cas en effet on observe que la hausse de la ration est trop lente. Cela a pour conséquence l’obtention d’un pic de ponte éventuellement correct mais incapable d’être maintenu. Les poules produisant un œuf par jour à cette période, si la ration est insuffisante elles puiseront dans leurs réserves propres et ne pourront maintenir la fréquence de ponte. A ce stade en effet la quasi-intégralité de l’énergie de la ration sert à la ponte.

Lorsque la consommation d’aliment augmente, le foie est davantage sollicité. Il est important de s’assurer de sa bonne santé pour prévenir tout problème.

Nous conseillons d’appliquer le protocole suivant :

- arriver à 20 semaines avec le poids cible recommandé par la SASSO,

- dès l’apparition des premiers œufs, ajouter un hépato-protecteur pendant trois semaines,

- renouveler l’utilisation d’hépato-protecteur toutes les 6 semaines.

Avec l’augmentation de la ration, la poule va mettre de plus en plus de temps à terminer son repas. Lorsque la durée moyenne du repas dépasse 3h, il convient de scinder la ration en deux (matin et soir).

Astuce technique

Il est important de donner 50% de ration supplémentaire la veille du premier jour où l’on scinde la ration en deux repas. En effet les poules seront moins surprises de ne recevoir qu’un demi-ration pendant le premier repas si elles ont davantage mangé le jour précédent. On évite ainsi du stress et de la ponte au sol due à une attente à la mangeoire.

Au fur et à mesure de l’augmentation de la ration on doit contrôler la durée pendant laquelle les mangeoires sont vides. La ration ne doit jamais augmenter au point que la durée de vide de mangeoire soit inférieure à 3h.

Cette limite s’atteint généralement à l’approche du pic de production. Chaque jour on augmente la ration d’un gramme et on s’assure que la durée de vide de mangeoires soit suffisante. Lorsque la limite est atteinte, on arrête d’augmenter la ration (celle-ci doit approcher les 130g d’aliment selon la souche, la formulation d’aliment, le climat et le système d’élevage).

Astuce technique

Pour savoir quand donner chaque partie de la ration on peut prendre en considération la température extérieure (surtout en bâtiment ouvert). Une ration consommée le matin lorsqu’il fait frais stimule la consommation et permet une digestion pendant le pic de chaleur. L’autre partie du repas pourra être prise en fin de journée.

Quel que soit le cas de figure, il faut éviter de distribuer de l’aliment :

- Lorsque les poules sont majoritairement dans les nids.

- Si les chaînes d’alimentation ne sont pas vides.

- Lors des pics de chaleur.

Le pic de ponte se termine généralement 4 à 5 semaines après le début de la ponte. On constate alors, semaine après semaine, une diminution progressive du taux de ponte. L’objectif est que cette diminution soit la plus lente possible.

Astuce technique

Pour faciliter le cochage et le grattage ainsi que pour éviter l’énervement et l’étouffement, l’éleveur distribue chaque jour dans l’après-midi, une ou plusieurs fois du blé entier ou du maïs concassé, traités thermiquement. Il faut toujours fournir du grit afin de faciliter la digestion de ces céréales. Lorsque le climat expose les animaux à de fortes températures il est toutefois déconseillé de favoriser l’activité par ces distributions.

En montée de ponte et jusqu’au pic, l’augmentation de la ration permet de soutenir l’activité de ponte. Cette dernière diminue progressivement pendant toute la vie de l’animal de manière naturelle. Il convient d’adapter la ration afin de limiter la prise de gras des poules reproductrices qui accentuerait la diminution de ponte.

Même si le pic n’a pas été particulièrement élevé, il est important de ralentir la baisse de ponte le plus possible pour collecter le maximum d’œufs à couver sur toute la période de production.

LE PARAMÈTRE À SURVEILLER POUR CONTRÔLER LA RATION EST ICI LE POIDS D’ŒUF.

Le poids d’œuf augmente naturellement avec l’âge de l’animal ainsi qu’avec la ration. Il est important que l’évolution du poids d’œuf soit régulière, c’est-à-dire parallèle à la courbe d’évolution du poids d’œuf donnée par la SASSO.

Ainsi, un poids d’œuf légèrement sous les objectifs ne doit pas être amené au standard mais évoluer selon une vitesse régulière.

En pratique, une évolution de +1g de poids d’œuf amène à diminuer la ration de -1g. Par exemple prenons le cas de poules SA51A de 39 semaines avec une ration quotidienne de 124g d’aliment et un poids d’œuf de 60.1g. A 42 semaines le poids de l’œuf est de 61.1g, il faut donc adapter la ration qui passe à 123g par jour.

La composition de l’aliment est déterminée en collaboration avec le fabricant d’aliment. Toutefois, certains éléments majeurs doivent absolument être pris en compte pour ne pas dégrader la ponte ou l’état du troupeau de reproducteur.

Le tableau ci-dessous présente quelques effets d’une sous-alimentation ou d’une suralimentation.

Nous vous proposons ici une formulation d’aliment convenant aux reproducteurs SASSO. Cette formulation théorique n’est pas toujours disponible. On peut élever correctement un lot SASSO avec diverses formulations en adaptant les quantités à la croissance et en prenant soin de ne pas créer de carences.

Quelques principes de base doivent être retenus :

En matière de besoins énergétiques :

- Une diminution de 2kcal par kg de poids vif et par °C doit être observée entre 20 et 25°C de température d’ambiance,

- Une diminution de 15% de la ration est nécessaire lorsque les poules sont logées en cages (car leurs besoins énergétiques sont moindres qu’en élevage au sol).

En matière de besoins protéiques :

- Les besoins varient en fonction de la croissance et du niveau de production des poules,

- Il faut éviter les carences en acides aminés essentiels (acides aminés soufrés comme la méthionine et la cystine) et prévoir une marge de sécurité pour ces apports d’acides aminés.

En matière de besoins calciques :

- Ces besoins sont importants pour la formation de la coquille de l’œuf, formation réalisée au cours de la nuit.

- Le taux de digestibilité du calcium varie en fonction du taux de ponte, entre 70% pendant la formation de la coquille et 35% en l’absence de formation d’œuf. Il est conseillé d’augmenter le taux de calcium en fin de période de production.

A l’observation de ces différents éléments, la période d’alimentation idéale calculée en fonction de la période de calcification de l’œuf est la fin d’après-midi. Une distribution d’aliment 3 à 4 heures avant l’extinction de la lumière facilite la calcification de l’œuf et permet aux animaux d’avoir une réserve énergétique importante, surtout en période hivernale.

Le rationnement en eau est un élément indispensable de la conduite alimentaire des poules reproductrices, il permet d’éviter :

- Les troubles digestifs,

- La dégradation de la litière.

Rappel : Le rationnement est réalisé en fonction de la quantité d’aliment consommée quotidiennement. Le ratio quantité d’eau consommée sur quantité d’aliment consommée par jour doit être égal à :

- 1,5 à 1,6 en hiver,

- 1,8 à 2 en été, voire plus en fonction de la température.

Le ratio doit être contrôlé quotidiennement. Le gaspillage sera aussi évité en réglant la hauteur des abreuvoirs et le niveau d’eau dans les abreuvoirs. L’eau ne doit jamais être coupée tant qu’il y a de l’aliment dans les circuits de distribution.

La distribution d’eau a lieu une demi-heure avant l’alimentation, elle est coupée une heure avant l’extinction de la lumière dans le bâtiment, sauf en période de fortes chaleurs où elle peut être distribuée à volonté. Il faut s’assurer que les abreuvoirs soient vidés et laissés secs pendant la nuit.

Astuce technique

Les poules et les coqs ont un fort instinct grégaire et il n’est pas rare de les observer groupés à une même mangeoire ou à un même abreuvoir (ici des pipettes). Il faut pourtant toujours s’assurer qu’il y a assez d’abreuvoirs pour tout le monde et que ceux-ci fonctionnent correctement.

Les coqs doivent être maintenus au bon poids, c’est-àdire dans l’intervalle décrit par les recommandations SASSO. Le poids doit être suffisant pour permettre un bon développement de carcasse et une belle maturité sexuelle le moment venu.

Pour fournir aux mâles une quantité d’aliment suffisante en présence des femelles on aménage des mangeoires supplémentaires en hauteur pour les coqs.

Astuce technique

Pour éviter que les mâles prennent l’habitude de manger dans les mangeoires des femelles, les privant ainsi de leur ration tout en dépassant les objectifs de poids (ce qui détériore leur fertilité), il faut utiliser des grilles qui ne laisseront passer que la tête des femelles.

Erreurs à éviter

Les poules SASSO étant naines (à l’exception de la SA31L), de nombreux éleveurs sont inquiets à l’idée que l’accouplement se déroule mal et ils préfèrent rationner les mâles afin de limiter le plus possible leur prise de poids. L’accouplement ou cochage est bref et se déroule très bien si les animaux sont sur un support stable.

Figure 132: Une mangeoire à coqs permet de nourrir les mâles qui n'ont pas accès aux chaînes d'alimentation protégées. Les poules, plus petites (surtout les naines SA51A, SA31A, SA51N), ne peuvent y accéder. Il est important de les relever suffisamment.

Figure 133: L’utilisation de grilles permet de ne laisser l’accès à la chaîne qu’aux femelles, qui n’ont pas une crête très développée et qui ont une tête plus petite. Les mâles sont nourris via des mangeoires séparées dédiées et placées en hauteur.