Comment répondre au réchauffement climatique et aux coups de chaleur de l’été

Publié le 9 novembre 2021

Comment répondre au réchauffement climatique et aux coups de chaleur de l’été

Ces dernières années, le réchauffement climatique est à la une de tous les sujets de discussion, et est au cœur de notre quotidien. Si l’on s’intéresse aux indicateurs de l’ONERC (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique) décrivant l’état du Climat, on observe de façon très nette le réchauffement de la température moyenne mondiale depuis les années 1980. En se référant à la moyenne des températures entre 1960 et 1990, la température mondiale moyenne en 2016 était de +0.86°C, soit l’année la plus chaude depuis 1850.

évolution températures moyennes mondiale.png

Les conséquences d'une hausse de la température pour les poulets

Ces écarts de température par rapport à des référentiels peuvent être plus ou moins marqués selon la zone géographique. En France, et en 2020, l’écart par rapport à la moyenne des températures entre 1960 et 1990 était de +2.3°C. Toujours en France, le nombre de journées chaudes (températures maximales supérieures à 25°C) est en hausse, avec une moyenne de +6 jours tous les 10 ans. Enfin, les évènements climatiques exceptionnels sont de plus en plus fréquents, avec des températures extrêmes encore jamais dépassées dans certains pays et des catastrophes dites « naturelles » telles que les feux de forêts, les inondations ou bien encore les sécheresses.

Cette hausse des températures moyennes mondiales est un sujet important et préoccupant pour les sélectionneurs de génétiques animales, notamment avicoles. Les oiseaux sont en effet très sensibles aux évènements environnementaux challengeant tels que les hausses de températures provoquant alors un stress thermique. Plus que les chaleurs persistantes sur la durée de l’été, les oiseaux sont plus sensibles aux premiers coups de chaleur lorsqu’ils n’y sont pas habitués et aux grandes amplitudes de températures entre le jour et la nuit. Les premiers beaux jours de l’été sont donc généralement les plus dangereux. Jusqu’à 25°C, les risques de mortalité sont très faibles, mais des baisses de performances pourront se faire ressentir. Dépassés les 30°C, il est important de tout mettre en œuvre pour éviter une mortalité trop importante du lot.

Les solutions apportées par la SASSO

A la SASSO, nous avons fait le choix d’étendre notre schéma de sélection au Burkina Faso, afin d’anticiper les problématiques de performances liées au réchauffement climatique. Nous testons ainsi les performances de nos lignées pedigree dans des conditions hyper challegentes, où les températures moyennes annuelles sont de 28.1°C, soit 14.4°C supérieurs aux températures moyennes françaises. S’ajoutent à cela les problématiques de matières premières pour la formulation des aliments, la qualité de l’eau et les contraintes sanitaires. Cette sélection naturelle et génétique nous permet d’identifier les familles les plus résistantes et performantes dans des conditions extrêmes. D’une génération à l’autre, nous sommes donc capables d’écarter du noyau génétique les familles les plus sensibles à la température.

Même si la génétique se présente comme une réponse positive face au changement climatique, la zootechnie n’en reste pas moins primordiale.

Afin d’assurer la bonne viabilité des troupeaux de reproducteurs, et leurs bonnes performances, nous nous devons de préparer au mieux le passage à la saison estivale.

Cette préparation pourrait commencer dès le stade embryonnaire. Hulet R. et al (2007) montrent que des températures élevées en fin d’incubation (température de coquilles à ~38.6°C) sembleraient augmenter la tolérance des poussins à la chaleur, leur permettant de résister à des coups de chaleurs et obtenir de meilleures performances de poids. Les seuils de tolérances de l’embryon sont en revanche encore très peu connus, et nous savons que les embryons supportent plus le manque de chaleur qu’un excès de chaleur. Il faut donc rester vigilants sur les consignes d’incubation et d’éclosion.

L’adaptation d’un troupeau aux températures estivales et à ses coups de chaleur débute en revanche dès la première phase de démarrage des poussins. Afin d’améliorer la thermo-résistance des poussins, qu’ils soient futurs poulets de chair ou futurs reproducteurs, les températures d’ambiance peuvent être supérieures d’1.5 à 2°C par rapport à des températures consignes moyennes. Cette expérience vécue dès les premiers jours d’âge sera enregistrée par l’organisme, et le troupeau sera alors moins impacté par des températures chaudes soudaines. C’est ce que nous réalisons en démarrant des lots de poussins futurs reproducteurs, ou futurs poulets de chair, au Burkina Faso.

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Au Burkina Faso, nos poulettes futures reproductrices ont su montrer une forte réponse d’adaptation à leur environnement. Malgré des températures proches des 40°C sur la période chaude et sèche, et des nuits très peu rafraichissantes (25°C au minimum), nous n’observons aucune détresse liée au stress thermique : un halètement constant pour l’évacuation de la chaleur (fréquence respiratoire pouvant être multipliée jusqu’à 10 : on parle alors d’hyperventilation), les ailes ouvertes et les plumes du dos redressées leur permettant de maximiser les surfaces de contact entre la peau et les courants d’air liés à la ventilation pour un meilleur confort, et une activité fortement réduite aux heures les plus chaudes. Ces adaptations sont en partie possibles grâce à l’aménagement des bâtiments favorisant la descente d’air frais directement sur les animaux.

Nous parlons très souvent de températures, en oubliant à défaut le terme d’humidité relative (principalement dans les bâtiments fermé). En effet, le stress thermique chez la volaille sera en fait induit par une combinaison des 2 paramètres cités.

Voici un graphique présentant la zone confort des volailles (zone thermo neutre) prenant en compte la température et l’humidité. Bien évidemment, il ne s’agit que d’une illustration. Nous savons que les températures conforts dépendent de l’âge des animaux, de leur emplumement et de leur croissance.

réduire le stress thermique chez les volailles.jpg

Adapter l'alimentation des oiseaux

Il est important de comprendre qu’en cas de fortes chaleurs, rien ne sert de trop charger l’environnement en eau via des systèmes de pad cooling ou de brumisation, ce qui augmenterait alors le taux d’humidité relative dans le bâtiment (si le taux d’humidité de la zone géographique est déjà fortement saturé par exemple). Privilégier les systèmes de ventilations avec des dispositifs pour augmenter la vitesse de l’air afin d’abaisser la température ressentie et l’humidité relative du bâtiment ou refroidir l’air entrant par le biais d’un climatiseur.

Il est essentiel d’adapter l’activité des animaux et l’heure des repas en cas de fortes chaleurs. Aux heures les plus chaudes, il faut s’assurer que les animaux ne soient ni actifs, ni dans une phase de digestion (cette dernière accroit la thermogenèse générant de la chaleur dans l’organisme, pouvant créer un stress thermique). Pour s’assurer que les jabots soient totalement vides à ces heures chaudes, et pour ne pas encourager les oiseaux à s’activer, il est important de décaler les heures d’alimentation aux heures les plus fraiches le matin, et une fois le pic de chaleur atteint, dans l’après-midi. Il est possible de changer exceptionnellement son programme lumineux pour permettre aux volailles de s’alimenter plus facilement. Dans certains pays où la législation le permet, avoir recours au Midnight feeding permet aux animaux de consommer et de digérer sur les heures les plus fraiches de la journée.

En cas de températures extrêmes exceptionnelles (jours de canicule), la ration quotidienne peut être divisée jusqu’à 50% pour anticiper une potentielle forte mortalité sur le lot. Il se peut que les performances du lot soient dégradées à la suite de ces demi-rations : baisse de ponte, baisse de calibre d’œuf, légère perte de poids. En revanche, il ne s’agit pas d’un phénomène irréversible, ce qui vous permettra, après coup, de retrouver vos performances initiales. Ainsi, dès les coups de chaleur passés, il est possible de restimuler les volailles à raison de 10g/j. 9 fois sur 10, vous verrez votre calibre et votre ponte revenir à la normale. Il se peut en revanche que vous observiez quelque rares fois une prise de poids des animaux, plutôt qu’un retour des performances initiales. Il est important de vouloir contrôler la mortalité pendant les coups de chaleur, aux détriments parfois des performances, pour quelques jours.

Privilégier un aliment plus énergétique et moins riche en protéines. Un aliment riche permettra de diminuer la consommation des animaux, tout en apportant les nutriments essentiels. Une présentation de l’aliment sous forme de granulés permettra également de favoriser l’ingérer en augmentant la densité énergétique de l’aliment. Limiter les glucides, et favoriser les lipides pour réduire la production de chaleur. Enfin, favoriser la disponibilité en anti-oxydants (Vitamine C, E), en bicarbonate de calcium, en vitamine D et enfin en électrolytes.

Nous l’avons vu plus haut, le halètement est une adaptation aux températures chaudes pour diminuer la température corporelle. Via cette forte fréquence respiratoire, les oiseaux vont éliminer plus de CO2, diminuant ainsi la concentration sanguine en CO2 et donc augmentant le pH sanguin. Afin de contrer ce phénomène, les oiseaux rejettent via les fientes des ions bicarbonates, ainsi que des électrolytes (K, Na). Cet équilibre électrolytique est ainsi bousculé et génère une perte en eau. Les animaux se déshydratent donc beaucoup plus vite et rencontrent de grandes difficultés à baisser leur température corporelle.

L’aliment étant moins consommé dans des situations de fortes chaleurs, l’apport en électrolytes est ainsi limité, ne permettant pas de retrouver un équilibre électrolytique suffisant et rapide.

Il est donc important d’offrir un accès suffisant à l’eau fraiche (points d’eau facilement accessibles et à n’importe quel moment de la journée), pour favoriser la consommation d’eau (l’état de la litière pourra être dégradé). Offrir une eau fraiche aux animaux vous obligera à purger vos canalisations, évitant ainsi le phénomène d’eau chaude stagnante, propice aux développements bactériens (création de biofilms).

Comme déjà évoqué, il est fortement recommandé d’apporter via l’eau de boisson une solution riche en électrolytes pour éviter ces phénomènes de déshydratation, en complément des anti-oxydants.

Enfin, l’état d’engraissement est un facteur clé pour préparer un lot aux températures estivales. Alors que nous chercherons à rendre disponibles plus de graisses à bruler sur des lots dits « d’hiver » pour pallier le manque de chaleur, nous chercherons à éviter l’excès de graisse sur des lots dits « d’été ». Un excès de graisse aura en effet pour conséquence l’augmentation de la chaleur corporelle due à la difficulté de dissiper cette chaleur créée. Une augmentation du débit sanguin pour permettre de refroidir le corps en surface fragilisera le cœur des volailles, au même titre que celui des humains, déjà en situation de stress thermique. En cas de coups de chaleur, les animaux les plus sensibles sont les animaux les plus gras. Il est donc essentiel de ne pas manager ses lots de reproducteurs de la même façon en hiver et en été.

Nous l’aurons compris, les canicules estivales ne se préparent pas quelques jours avant les premiers coups de chaleur. Dès le premier jour d’âge, nous pouvons tout mettre en œuvre pour habituer nos volailles aux hautes températures, et adapter leur croissance et leur métabolisme à leurs futurs besoins. Enfin, même si les pertes économiques peuvent être perçues, il est essentiel de tout faire pour palier à la mortalité des premiers coups de chaleur, aux détriments des performances zootechniques du lot. Ces dernières étant réversibles, l’impact économique est alors moindre.

Ce stress thermique sensibilise les volailles, les rendant plus sujettes aux maladies et infections. Encore une bonne raison de tout mettre en œuvre pour le confort de nos volailles, sur ces périodes compliquées.

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